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Deux questions à propos d'un décret de mariage

shadokopm
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Bonsoir / Bonjour,

En 1763 à Pacé (35), il y a promesses de mariage puis bénédiction nuptiale pour le couple René Vieuxville (ou Vieuville) - Anne Sernin (ou Sesnin, ou Cénin, ou Sainin et peut-être d'autres orthographes avec un V à la place du N central) :

- Promesses le 22 septembre :
Vieuxville_René_&_Sesvin_Anne_M_1763_promesse.jpg
10 NUM 35210 137 vue 44 / 74
que je retranscris vu la mauvaise qualité de l'image téléchargeable :
Le 22 7bre j'ay reçu les promesses de mariage d'entre
h: g: René Vieuxville fils mineur de défunts René Vieuxville
et Anne Quemat authorisé par la juridiction de Champaigné [où est-ce ?]
et h: fille Anne Sesvin fille mineure de défunt Jean Sesvin
et Anne Boutier sa mère encore vivante authorisées par ?
la juridiction de St-Gilles vu le décret de mariage en date
du 25 avril 1763 signé au ? le clerc greffier en bonne
et due forme présents les signants


- et bénédiction nuptiale le 15 novembre :
Vieuville_René_&_Sernin_Anne_M_1763.jpg
10 NUM 35210 137 vue 46 / 74.
Après les trois publications de bans canoniquement faites par trois
dimanches consécutifs au prosnes de nos grand-messes sans aucunes
oppositions venues à notre connaissance j'ai ce jour quinze novembre
mil sept cent soixante trois administré la bénédiction nuptiale à
h. g. René Vieuxville vu son décret de mariage d'autorité de justice
de la juridiction de Champigné en date du 4 octobre dernier signé ? le clerc
greffier et h. fille Anne Sernin autorisée par la juridiction de St-Gilles vu le
décret de mariage en date du 25 avril dûment signé le clerc greffier l'un et l'autre
de cette paroisse. Présents les soussignants


Première question : est-il "normal" que les promesses soient faites alors que le décret n'est pas encore signé ?

Deuxième question : pourquoi un décret à Champigné dont je ne trouve pas de possibilité ailleurs que dans le Maine-et-Loire alors que les mariés et leurs ascendants (grands-parents compris) sont de Pacé et de St-Gilles dans le 35 ? Y aurait-il un autre Champigné (écrit Champaigné dans un des deux actes) ?

Bien cordialement,
PM Decombeix
jeremd00
jeremd00
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Bonsoir,

Pour votre première question: il est possible que seul le mariage lui-même ne pouvait avoir lieu qu'avec un décret dûment signé. Les promesses n’engageaient pas à procéder à la bénédiction nuptiale à très court terme. J'imagine que s'il était connu que la famille ne s'opposerait pas à l'union, et ce cas devait être de très loin le plus courant, on n'allait pas s'empêcher d'enregistrer les promesses sachant que la situation allait très vraisemblablement être régularisée rapidement.

Les décrets de mariage étaient relativement courants et ils devaient passer pour une simple formalité administrative la plupart du temps. J'ai bien vu le cas d'un parent qui s'opposait au mariage projeté par la jeune femme dont il était le tuteur, mais qu'à cela ne tienne, il a purement et simplement été remplacé par un parent qui ne s'y opposait pas :lol:

Pour ce qui est de Champaigné, il faut bien garder à l'esprit que les juridictions couvraient généralement des territoires qui n'avaient rien à voir avec les limites de paroisses. Aussi leurs noms ne sont pas forcément à rapprocher de ceux des anciennes paroisses ou de nos communes actuelles, il s'agissait de seigneuries qui portaient bien souvent le nom du lieu où se situaient leurs sièges. En l'occurrence, Champaigné (ou Champagné) n'est pas à rechercher dans le Maine-et-Loire mais plutôt à Gévézé où il existait bien une seigneurie de ce nom dont le ressort pouvait tout à fait s'étendre jusqu'à la voisine Pacé.
Jérémy
psaliou
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Bonjour,

https://www.geneanet.org/gallery/?action=detail&rubrique=blasons&id=309957&desc=de_champagne_geveze

Un ressource bibliographique: "Alain Visset, Histoire de la seigneurie de Champagné en Gévezé, H.A. Éditions Gévezé - 1989"
Kenavo,
Pierre
jerome4
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Première question : est-il "normal" que les promesses soient faites alors que le décret n'est pas encore signé ?
Dans l'acte des promesses, les décrets sont faits, donc signés.
Donc je pense, qu'il doit exister une erreur sur la date dans l'acte de mariage.

Par contre, je suis surpris par la date du décret de mariage de la mariée!
Au mois d'avril! D'habitude, ils sont faits quelques semaines avant le mariage.

Comme déjà expliquées, les juridictions, souvent seigneuriales, n'avaient rien à voir avec les paroisses.

Un site que je recommande pour trouver ces juridictions: infobretagne

Sur la page de gevezé, il est bien indiqué que la seigneurie de Champagné avait un droit de haute justice.
Donc, certainement une seigneurie qui avait un juge, un procureur, et un ou des notaires...
http://www.infobretagne.com/geveze.htm
shadokopm
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Bonsoir,

Merci à vous trois pour vos réponses et explications.
Pour ce qui est de Champaigné, Geneanet, ou plutôt certains de ses membres, sont clairement plus fort que Google ! Un grand merci pour cette piste et pour les liens (il y a tout un paragraphe à http://www.infobretagne.com/geveze.htm)

Pour ce qui est des dates des décrets, si l'on s'en tient aux dates des actes (re-vérifiées) et à celles indiquées dans les actes, la chronologie est la suivante :
- 22 septembre (1763) : promesses de mariage indiquant que les deux promis sont mineurs et leurs pères décédés, ce qui implique un décret pour chacun. Puis est précisé :
-- que le garçon est autorisé par la juridiction de Champaigné, SANS DATE,
-- que la fille est en possession d'un décret de mariage de St-Gilles daté du 25 avril.

Il me semble (mais je n'ai pas beaucoup d'exemples) que le délai entre 25 avril et 22 septembre est plutôt long (ce qui surprend aussi "jerome4"). Si tout était déjà "en ordre" à cette date du 22 septembre (un jeudi), la bénédiction nuptiale aurait pu avoir lieu au plus tôt le 10 octobre (1er ban le 25 septembre et les suivants les 2 et 9 octobre), mais n'a lieu que le 15 novembre.

J'ai donc l'impression que c'est ce qu'évoque "jeremd00", à savoir les promesses avant que l'acte du garçon soit effectivement signé. Cela expliquerait aussi l'absence de date lors de la promesse.

15 novembre : bénédiction nuptiale après bans lors de 3 dimanches consécutifs (le 15 novembre 1763 est un mardi, donc les dimanches ont pu être le 30 octobre puis les 6 et 13 novembre). Dans cet acte sont indiqués les dates des décrets des deux promis : 25 avril et 4 octobre.

Le premier enfant du couple que j'ai relevé, Mathurin, n'arrive que le 1er novembre 1764. Ils ont donc été patients (ou prudents ;-) ) malgré les délais "administratifs" ! À ce propos, il faut que je pose une question dans la section "bistrot" : je suis très étonné, parmi les quelques 500 couples "étudiés" dans ma généalogie de n'avoir pas une seule fois trouvé une naissance moins de 9 mois après le mariage, sauf ceux pour qui ne se sont pas mariés et pour quelques cas en Algérie, pays d'aventuriers à l'époque, où des naissances ont été légitimées par des mariages tardifs !

Merci encore à vous trois !
jeremd00
jeremd00
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Bonjour,

En complément d'information suite à votre première question, je suis retombé très récemment sur le billet en pièce jointe, qui se trouvait attaché au registre BMS de Maxent de 1720. Le signataire est Maitre Joseph DANET, sieur de la Noé et sénéchal de la juridiction, qui semble indiquer au recteur ou au curé qu'il ne pourra pas signer le décret de mariage dans l'immédiat mais que ce dernier peut tout de même procéder aux fiançailles si 12 parents ont bien donné leur accord et signé (ou fait signer) le document.

Il semble donc que le décret était bien nécessaire pour les fiançailles ;)
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billet.jpg
Jérémy
shadokopm
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Bonjour,

Merci pour ce document qui est effectivement très intéressant et révélateur. On peut donc supposer que dans le cas de ce fil, la personne habilitée à signer était partie pour un plus long voyage !!!

En plus de son intérêt historique je trouve ce document particulièrement "sympathique"... à moins qu'il ne soit le résultat d'une immense hypocrisie !

Quoi qu'il en soit, un grand merci !

PM
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